Cristallerie impériale de Vonêche

Nicole Hanot
Documentation Charles Ménage
Mise en ligne 27 décembre 2013

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Préambule

Le Musée de la Gourmandise présentera du 8 mars au 20 avril 2014 l'exposition Cristallerie impériale de Vonêche, d'où viennent Baccarat et Val-Saint-Lambert à partir de ses collections et de celle du collectionneur wallon Christian Van den Steen - une impressionnante collection de verrerie et cristaux de Vonêche,  et quelques uns de Baccarat et du Val-Saint-Lambert, pour comparaison.

Prix d'entrée :
Visiteurs individuels, les samedis 14-19 h et dimanches 11-19 h : 5 €/adulte - 0 €/enfant <12 ans - 1,25 €/Article 27.
Groupes de minimum 15 personnes : 5 €/ personne, sur rendez-vous en semaines.

Ce thème rejoint à la fois l'art de la table et l'histoire de l'industrie wallonne en une année déclarée Année internationale de la cristallographie1 par les Nations Unies.

Bien que le bicentenaire de la cristallerie de Vonêche ait été fêté en 2002 par une importante exposition à l'hôtel de ville de Beauraing et que le Musée des Arts Anciens de la Province de Namur ait largement contribué en 2011 à sa mise en valeur dans l'exposition Fusion à Baccarat, nombre de personnes ignorent encore le rôle majeur que joua Vonêche dans l'histoire du cristal européen car les cristaux de Bohême, de Baccarat et du Val-Saint-Lambert, plus longtemps produits, les ont éclipsés de la mémoire collective.

Le présent article se veut donc totalement informatif. En voici le sommaire :

Définition du cristal
Courte histoire du verre
Le « cristal de Venise »
Le « cristal de Bohême »
Et le « verre cristal » moderne naquit
Le problème de la dénomination
Le verre en Belgica Regia

Aimé-Gabriel d'Artigues
La cristallerie de Vonêche
La fin de Vonêche
Vonêche à Hermalle-sous-Huy
Notes
Bibliographie


Définition du cristal

En tant que matière, un cristal est un solide polyédrique, plus ou moins brillant, dont la disposition spatiale des atomes forme une structure régulière, ordonnée et périodique et où les atomes diffusent un rayonnement en pics étroits et intenses par diffraction des rayons X.
À ce titre, neige, sucre, sel, silicates, oxydes, sulfures, gemmes sont des cristaux.

Dans les silicates, le quartz hyalin2 (qui a la transparence du verre) est couramment appelé « cristal de roche ». 

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Cristal de roche provenant du Tibet - Crédit : JJ Harrison

Minerai présent partout dans le monde, ce quartz a joué un grand rôle dans les croyances, les pratiques magiques des peuples primitifs ; on en retrouve trace dans les contes comme sur la table des diseurs de bonne aventure…

Taillé, sculpté, poli, le cristal de roche a donné des coupes, des verres, des objets décoratifs, des lustres, etc. pendant des siècles et l'envie évidente en Europe de produire artificiellement un verre qui lui ressemble à partir du moment où les gisements européens les plus importants de ce cristal de roche (dans les montagnes de l’actuelle Slovaquie) deviennent hors d’atteinte en raison des guerres ottomanes du XVe siècle.

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Cruche en cristal de roche, Paris, 1ère moitié du XIVe siècle - Crédit : Vassil

Le cristal qui nous occupe n'a rien de naturel et n'est pas un cristal : c'est un verre manufacturé dans une cristallerie
Il résulte des recherches incessantes de l'homme dans la fabrication et l'amélioration du verre…, solide non-cristallin, le plus souvent fabriqué à partir de sable dont le composant le plus fréquent est… le quartz.

Courte histoire du verre

Le verre, provenant du refroidissement rapide de certaines substances (silicium, bore, phosphore, arsenic, etc.) après fusion, se trouve à l'état naturel depuis plusieurs centaines de millions d'années sous forme de roche volcanique - nommée obsidienne - partout dans le monde.

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Banc d'obsidienne dans l'Oregon - Crédit : GeoWriter

L'obsidienne a été utilisée par l'homme dès la Préhistoire pour fabriquer tant des armes et des outils que des bijoux et des objets rituels de luxe.

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Miroir aztèque dans un support contemporain - Crédit : Simon Burchell

Elle fut débitée, taillée, piquetée, broyée, sculptée. On estime aujourd'hui que son utilisation était tellement importante dans l'Amérique précolombienne qu'elle put être la cause du faible développement de la métallurgie dans cette partie du monde.

Selon Pline l’Ancien, l’homme découvrit la manière de faire le verre par hasard : des marchands allumèrent un feu pour cuire leurs aliments sur les berges du Bélus (actuel Na'aman au sud de la ville israélienne d’Acre) ; pour caler leurs marmites, ils utilisèrent des mottes dures trouvées sur la plage ; celles-ci étaient composées de natrum mêlé de sable qui, sous la chaleur du feu, se liquéfia et s’écoula ; refroidi, le mélange se présenta sous une forme solide et diaphane : le verre.

C'est effectivement en Mésopotamie, ce « croissant fertile » qui s'est étendu jusqu'à inclure l'Égypte, que l'homme a commencé à fabriquer du verre, il y a 7 000 à 5 000 ans d'ici. Le sable servait de vitrifiant, et le natrum ou natron3 de fondant ; l’ajout de cendres issues de la combustion de plantes halophytes vivant en milieu salé, au bord de mers ou de lacs, lui a ensuite servi de soude, ce qui a donné l’appellation verre sodique.

Ces premiers objets en verre, moulés, sont opaques.

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Vase égyptien de la XVIIIe ou XIXe dynastie - Crédit : Jeff Dahl

Vers 1 500 A.C.N., on obtient un verre translucide car l'évolution des fours permet d'atteindre de plus hautes températures. Ce matériau rare et précieux sert surtout à fabriquer des amulettes, des bijoux, des petits flacons pour les onguents et les parfums.

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Cruche phénicienne, début du 1er millénaire A.C.N. - Crédit : Sailko

L'ajout de dioxyde de manganèse - qui sert de stabilisant pour éviter l’altération du verre et élimine les oxydes colorants - donne enfin la transparence au verre au IVe siècle A.C.N. On fabrique des pièces plus importantes dont de la vaisselle de table mais la technique reste celle de l'enduction sur noyau : la matière vitreuse est déposée dans un noyau d'argile et de sable qui donne la forme et qui peut être ôté aisément après séchage.
À Alexandrie, les maîtres verriers parviennent à placer une feuille d'or gravée entre deux couches de verre, à former des résilles par l'entrecroisement de fils et à créer des verres polychromes. Pline l’Ancien affirme que sous Néron (37-68), les verriers produisent des vases et des coupes d’un verre blanc transparent, imitant parfaitement le cristal de roche.

L'invention de la canne à souffler le verre est attribuée aux Phéniciens ou aux Babyloniens au Ier siècle A.C.N. Ce tuyau métallique muni d'un bauquin4 se termine légèrement évasé pour permettre l'adhésion d'une masse de verre en fusion que l'on prélève dans le four ; le verrier, soufflant dans la canne, introduit alors de l'air dans la masse de verre pour l'étendre – c’est la paraison.
Plus rapide, moins couteuse, cette technique fait naitre une nouvelle industrie : celle du verre en creux qui se répand dans l'Empire romain puis dans toute l'Europe.

Pendant des siècles, la matière première est fournie par les régions de l’est du bassin méditerranéen : sable du Bélus, natron et cendres sodiques de la vallée égyptienne des sept lacs salés Wadi al Natrûn.
Cela pose un réel problème d’approvisionnement pour les verriers occidentaux après la chute de l’Empire romain d’Occident. Ceux de Murano vont être privilégiés car la flotte de la Sérénissime République de Venise, devenant maitresse de la Méditerranée, leur fournit les cendres sodiques du Levant qu’ils doivent obligatoirement utiliser ; pour garantir son monopole sur le commerce de ces cendres, le Grand Conseil des Dix interdit en effet aux verriers vénitiens l’utilisation de cendres de fougères continentales…

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Verre vénitien, circa 1330, de style islamique - Crédit : World Imaging

Les autres verriers européens médiévaux souffrent de l’approvisionnement en un temps où les échanges commerciaux, fortement réduits, ne leur offrent quasiment plus ni pains de cendres, ni lingots de verre brut ou de calcin5  fabriqués dans des ateliers  « primaires ».6  Daniele Foy

Vers le XIe siècle, ils sont réduits à utiliser des sables locaux moins purs, à doser eux-mêmes les oxydes métalliques et à utiliser des cendres de plantes forestières comme les fougères qui colorent malheureusement le verre.

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Bousillé, XVe ou XVIe siècle, Allemagne ou Pays-Bas - Crédit : Remi Mathis

 

Le « cristal de Venise »

Du XVe au XVIIe siècle, Venise domine le marché du verre, car ses verriers sont parvenus, notamment grâce à Angelo Barovier (?-1480,) à produire un verre cristallin très fin, le vetro cristallino ou cristallo di Venezia. Ils se sont débarrassés des colorants des cendres végétales par lessivages et filtrations, obtenant ainsi une soude assez pure, concentrée en carbonate de sodium et ajoutent l’oxyde de manganèse (le « savon des verriers ») au dernier lessivage.
Leur verre affiné et clair dont l’aspect est proche du cristal de roche et dont le secret de fabrication est jalousement gardé, ne peut cependant pas être taillé comme le cristal naturel.

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Forme de verres vénitiens, XVe et XVIe siècle - Crédit : Achwas



Le « cristal de Bohême »

Soutenus par les ordres religieux qui possèdent d’immenses domaines forestiers et veillent à les faire fructifier, mettant à profit les connaissances ramenées d’Orient par les croisés, les autres verriers ont peu à peu affiné et épuré les cendres des plantes forestières dont ils ont augmenté la diversité. Le secret vénitien leur est révélé, notamment, par un moine florentin alchimiste, Antonio Neri (1576-1614), dans son Arte vetraria distinta in libri sette publié en 1612 et qui devient la bible des verriers.

Le verre potasso-calcique des Bohêmes, encore plus clair que le cristallo vénitien, se prête à la taille, à la gravure et supporte les décors peints et cuits au moufle7 avec des oxydes métalliques dont regorge leurs montagnes.
Il prend son essor sous Rodolphe II empereur du Saint-Empire et roi de Bohême (1552-1612), qui le fait tailler comme le cristal de roche qu’il aime tant.

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Doppelkopf (coupe à boire), Nuremberg, circa 1480 - Crédit : Xenophon

Le « cristal de Bohême » supplante celui de Venise à tel point qu’on va parler d’ « un bohême » pour tout objet en « cristal de Bohême » mais son succès relève des artistes qui le taillent et le gravent, et non des verriers qui le moulent.

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Bohême taillé, gravé, émaillé et peint, XVIIIe siècle
Coll. privée (au Musée de la Gourmandise) - Photo Gilles-A. Ménage

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Bohême à pans, formant une sorte de kaléïdoscope, fin XVIIIe siècle
Coll. privée (au Musée de la Gourmandise) - Photo Gilles-A. Ménage

Et le « verre cristal » moderne naquit

Parmi les oxydes métalliques utilisés par les verriers figure l’oxyde de plomb, et ce depuis bien longtemps... puisqu’une mention de verre au plomb figure dans une tablette mésopotamienne du VIIe siècle A.C.N. ! 
Des recettes de verre au plomb se trouvent dans le Livre X de Démocrite d’Abdère (460 av. J.-C.-370 av. J.-C.) et chez de nombreux auteurs médiévaux – dont Jean d'Outremeuse (Liège, 1338-1400) qui a rédigé le Tresorier de philosophie naturelle des pierres precieuses.
Au Moyen Âge, le verre au plomb est d’ailleurs considéré comme le meilleur pour la fabrication de verre coloré et des fausses pierres précieuses fort appréciées à l’époque.Anne-Françoise Cannella

L’analyse contemporaine de verre provenant tant de l’Égypte ancienne (XVIIIe dynastie, 1550-1292 A.C.N.) que de l’Europe (de l’âge du bronze au Moyen Âge) confirme la présence de plomb, avec un pourcentage qui peut aller jusqu’à 84 % d’oxyde de plomb. Et l’on en trouve dans la vaisselle médiévale en verre soufflé…

En Angleterre, l’industrie verrière existe depuis au moins 1567, où la reine Elizabeth fait venir un Anversois, Jean Quarré, pour créer une manufacture à Londres, mais elle ne s’est pas fort développée en raison de la rareté du bois nécessaire au fonctionnement des fours.
Les verriers vont essayer la tourbe puis la houille et se trouvent obligés de n’utiliser que celle-ci lorsque le roi Jacques Ier réserve, par édit de 1615, le bois aux chantiers navals.  L’usage du charbon entraine la modification des fours car les réactions chimiques entre la masse vitreuse et les gaz de combustion de la houille colorent le verre. La couverture des creusets pose problème pour la fusibilité et amène les verriers à modifier le dosage des matières premières.

L'Anglais George Ravenscroft (1632-1683), riche marchand qui a résidé à Venise et fréquenté les verriers, fait réaliser dans ses deux usines du verre préparé à partir d'une silice très pure provenant de silex (flint) anglais (donnant la transparence) et de sels alcalins : le « flint glass »  ; il va faire remplacer une partie des sels par du minium (oxyde de plomb) - qui donne une très forte brillance par augmentation de la réfringence : le « cristal anglais » ou « cristal au plomb » ou « verre flint », ou « cristal » au sens moderne du terme, est né !

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Pichet Ravenscroft, verre au plomb, circa 1676-1678 - Crédit : Simonxag

Ce verre, fort cher, est utilisé par Ravenscroft pour la production de coupes, bols et assiettes, mais va intervenir ultérieurement dans l'amélioration des lentilles de télescopes.

Ravenscroft a obtenu en 1674 du roi Charles II un brevet comme seul producteur de cristal au plomb en Angleterre. À l'expiration de la patente en 1681, d'autres verriers utilisent le procédé et vingt ans plus tard, ils sont une centaine à produire du « cristal au plomb anglais » qui représente une énorme concurrence pour le « cristal de Bohême ».

Le problème de la dénomination

Appelés « cristal », dans l’acception ancienne du terme apparu au Moyen Âge pour une matière dure et transparente qui ressemble au cristal de roche, les cristaux de Venise et de Bohême constituent un verre et non un cristal au sens moderne du terme.

Rappelons-nous que si les principes de base de chimie ont été posés à la fin du XVIIIe siècle, la composition chimique du verre et du cristal n’a été déterminée qu’au XIXe.

Littré, en 1863, donne comme définition : « nom d'un verre blanc d'une grande transparence, plus pesant que les verres ordinaires, et qui contient de l'oxyde de plomb. Flacon de cristal. Cristal de Venise, de Bohême. », et l’Académie française, dans la 9e édition de son dictionnaire : « se dit de différentes sortes de verre d'une qualité supérieure, qui ont en commun d'imiter la transparence et l'éclat du cristal de roche. Le cristal de Venise. Une coupe en cristal de Bohême. Spécialt. À partir du XVIIIe siècle, verre contenant de l'oxyde de plomb, très sonore lorsqu'il est mince. Un vase en cristal de Baccarat. Un flacon, un cendrier de cristal. Le tintement du cristal. »

Le terme cristal reste donc ambivoque jusqu’au XXe siècle où l’Union européenne émet, le 15 décembre 1969 et pour harmoniser les législations de ses états, la directive 69/493/CEE définissant le nom en fonction du pourcentage précis de plomb, de la densité et de l'indice de réfraction et donnant les méthodes d’analyse du matériau.8 On parle dorénavant de cristal supérieur, de cristal au plomb, de cristallin et de verre sonore.9

Le verre en Belgica Regia

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Carte de Pieter van den Keere, 1617 - Crédit : Joopr

Plusieurs centres verriers se développent au XVIe siècle dans cette région où s’inscrit la Belgique actuelle, les uns à Anvers et Bruxelles, les autres en « Wallonie ».
Impossible, bien entendu, de parler de Wallonie comme territoire avant le XIXe siècle, cette région ayant appartenu au fil du temps à de nombreux peuples (Celtes, Romains, Germains, etc.) et connu diverses nationalités (autrichienne, espagnole, française, etc.). La plupart des villes wallonnes n’en ont pas moins nées dans les premiers siècles de notre ère et certaines ont connu une activité verrière dès le Moyen Âge. La verrerie étant devenue au fil du temps l’un des trois piliers qui portèrent la Belgique dans les premières nations industrielles du XIXe siècle, vous nous pardonnerez de parler du verre « en Wallonie ».

Anvers et Bruxelles sont des cas de figure différents des autres centres :

À Anvers

Anvers ne bénéficie ni de grandes forêts ni de houille mais elle est devenue au XVIe siècle l’un des plus importants ports du monde ; elle est donc la mieux placée pour être approvisionnée en cendres sodiques provenant d’Espagne, la Barilla Hispanica d’Alicante étant la plante la plus propre à remplacer les cendres du Levant que la République de Venise, affaiblie par le déplacement du commerce maritime de la Méditerranée à l’Atlantique et par sa confrontation à la France, l’Espagne et l’Empire ottoman, ne peut plus fournir en suffisance.

Des requêtes de Philippe de Gridolphi à l’archiduchesse Isabelle d’Autriche, gouvernante générale des Pays-Bas espagnols, permettent d’établir qu’une fournaise a été maintenue à Anvers par Charles-Quint – donc avant 1555, date de l’abdication de l’empereur -, qu’un nommé Ambrosio de Mongarda avait précédemment obtenu de Philippe II d’Espagne le privilège exclusif de fabriquer du verre et cristallin à Anvers et que sa fabrique employait 36 à 37 personnes (maitres-verriers, ouvriers et serviteurs). Gridolphi, qui a épousé la veuve de Mongarda obtient à plusieurs reprises la confirmation des privilèges et prospère - puisqu’il reverse chaque année une part de ses bénéfices à l’État.J. Houdoy

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Clara Pieters, Nature morte avec verre à la façon de Venise, verre Rômer et une bougie,
signé Clara.p. 1607, Anvers - Crédit : FA2010

Avec Jehan Bruyninck, livreur des verres de l’hôtel des Altesses sérénissimes Albert et Isabelle, il se plaint en 1607 de ce que Liège a suborné des ouvriers anversois et vend ses produits comme articles de Venise alors qu’ils ne sont qu’une contrefaçon. Les deux associés obtiennent l’exclusivité pour la fabrication de verre à la façon de Venise et pour l’importation et la vente d’objets en « cristal de Venise » dans les Pays-Bas ; cela dure au moins jusqu’en 1624.J. Houdoy

Bien des peintres flamands de natures mortes, à cette époque, magnifient la transparence des verres qu'ils placent parfois sur un porte-verre à griffes en bronze doré.

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Willem Claeszoon Heda, Nature morte (détail), huile sur panneau, 1637. On note un verre allemand sur le porte-griffe et un verre à la façon de Venise. Crédit : JarektUploadBot

Le déclin de la verrerie d'Anvers s'amorce avec le blocus du port et s'accélère lorsqu'en 1648 le traité de Münster, signé entre les représentants du roi Philippe IV d'Espagne et ceux des Provinces-Unies, laisse l'embouchure de l'Escaut aux mains des « Hollandais » et prive pour longtemps la ville d'Anvers de l'accès aux grands navires marchands.

À Bruxelles

Bruxelles n’a pas de houille non plus mais elle est le centre politique et culturel des Pays-Bas méridionaux et à ce titre, selon le vénitien Anthoine Miotti, devrait avoir une manufacture verrière comme les autres grandes villes (Florence, Milan, Londres) ce qui permettrait de réduire la dépense annuelle de 80 000 florins pour la verrerie de luxe venant de Venise. 

Avec les capitaux d’un certain Van Lemmens, il fonde cette fabrique en 1623 mais son nom disparait six ans plus tard tandis que celui de Van Lemmens perdure jusqu’en 1642, notamment parce qu’il cède son exploitation par acte notarié à un certain Colinet et lui vend son privilège ; la légalité de cette action est contestée par un gentilhomme verrier de Murano, Savonetti, qui a été banni de sa patrie et a vu ses biens confisqués pour avoir introduit l’art verrier vénitien aux Pays-Bas.Désiré van de Casteele

Savonetti obtient en 1653 le droit de fabrication et d’approvisionnement du pays tout entier – à l’exception du verre à vitre -, les autres marchands ne pouvant vendre des verres qu’après avoir prouvé qu’ils les achètent à Bruxelles… Cela ne dure qu’environ cinq ans car le privilège passe aux verriers liégeois Henry et Léonard Bonhomme.

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Placard d'annonce de la cession de la verrerie de Bruxelles aux Bonhomme, 1658. Maastricht, Rijsksarchief Limburg, Fonds de Bounam de Rijckholt, Inv. 321. Crédit : RAL

À Charleroi

Selon l’archéologue-historien amateur du verre Raymond Chambon, il y aurait eu des verriers à Macquenoise (près de Momignies) dès avant 1184, année où œuvrait Pierre le verrier.  Il faut cependant noter que certains archéologues professionnels tiennent Chambon pour un naïf, voire un faussaire et que le conditionnel est désormais de rigueur lorsqu’on évoque ses travaux.Janette Lefrancq

En 1378, deux frères verriers, Jehan et Collart dits « dou Four », sont installés au hameau du Formathot. Les enfants de Collart vont prendre le nom de Dufour puis de Collinet et seraient à l’origine de la famille de Colnet.Benoît Painchart

Il est certain, toutefois, qu’au XVe siècle, les de Colnet constituent une lignée de gentilshommes verriers installés dans le pays de Charleroi, plus précisément à Leerne (près de Fontaine-l’Évêque) en 1447Jean-Pol Demoulin, puis à Jumet.
Les membres de cette grande famille - qui a compté plus de cent verriers - ayant demandé le maintien de leurs franchises et privilèges au duc de Bourgogne Charles le Téméraire, à  Charles-Quint et à Philippe II, on sait par les patentes que ces maitres-verriers ont essaimé dans nos régions : Jean de Colnet et son fils Nicolas sont à Fontaine-l’Évêque et Englebert de Colnet dans le Brabant en 1531, Nicolas et Adrien de Colnet à Barbençon, Jean Colnet à Froidchapelle, Engraind et François Colnet à Momignies, Nicolas Colnet à Genappe, Robert Colnet à Namur en 1559, Jean de Colnet à Gilly en 1685.

Le fils de ce dernier Jean de Colnet, François-Hyacinthe-Joseph, obtient l’autorisation en 1743 d’établir une verrerie à Namur mais il meurt deux ans plus tard et sa veuve vend l’entreprise à Sébastien Zoude, marchand et rechangeur de monnaie, bourgeois de la ville qui, en raison du siège de la ville par le comte de Clermont, ne peut directement utiliser l’outil.E. Close

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Le pays de Charleroi, qui possède des forêts, des mines de houille et la Sambre comme voie navigable, est un berceau pour  la verrerie wallonne :

  • à Jumet, on retrouve outre les de Colnet,
    • Martin Falleur, originaire de Lorraine, qui développe en 1552 le verre à bouteille et débute une lignée de verriers qui s’installeront jusqu’à Bruxelles et Anvers
    • Les de Dorlodot, gentilshommes verriers depuis 1577
    • le seigneur de Houx de Morat qui achète en 1592 l’ancienne fabrique à verres des Hamendes de Jean de Colnet ;
  • à Lodelinsart s’installe Gédéon Désandrouin en 1701  et en 1710 Jacques de Castellano, d’origine italienne, qui épouse une fille de Jean de Colnet et dont les descendants verriers introduisent à Liège la gravure sur verre, innovation qui encourage les verriers liégeois à fabriquer le verre à la façon de Venise. Les de Castellano s’allient ensuite aux de Bonhomme pour créer la verrerie d’Avroy (à l’emplacement de l’actuel Lycée Léonie de Waha).

Ces verriers s’allient entre eux et plusieurs mariages, qui favorisent le partage des connaissances, en témoignent : Jean de Condé installé à Jumet a épousé Marie de Colnet (fille de Jacques de Colnet) en 1654. Leur fille ainée Marie épouse Gédéon Désandrouin en 1680, etc..E. Close

À Liège

Les verriers font partie des orfèvres repris dans les « trente-deux bons métiers de Liège », qui consacrent aux XIVe siècle des corporations d'artisans et leur donnent accès à la gestion de la cité.

Vers 1568, l’italien Nicolas Francisci est le premier verrier établi à Liège qui travaille le verre cristallin ; il est probablement parent de Jacques Francisci qui travaille la même matière à Anvers.
En 1572, un autre italien Joseph Centurini obtient du prince-évêque Gérard de Groesbeck le privilège d’être le seul à pouvoir fabriquer du verre cristallin et les produits liégeois de cette époque imitent si bien le verre italien que des maitres-verriers peuvent à peine faire la différence.Désiré van de Casteele

Au début du XVIIe siècle, un nouveau nom apparait dans la cité ardente : celui de Jean Bonhomme, associé à Jean de Glen, et dont les trois fils, Henri, Léonard et Jean Bonhomme vont poursuivre l’œuvre.

Les Bonhomme développent l’industrie du verre de luxe à la façon de Venise avec un nouveau personnel venant de Venise et d’Altare, et celle du gros verre de production ordinaire où ils vont entrer en concurrence avec Désandrouin, qui a installé une verrerie près d'Aywaille, pour l’énorme marché des bouteilles d'eau de Spa.Bruno Demoulin

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Bouteille à eau de Spa, XVIIIe siècle
Coll. privée (au Musée de la Gourmandise) - Photo Gilles-A. Ménage

Les Bonhomme sont des entrepreneurs qui vont contrer toutes les productions de verre de l’époque, faisant construire des fours à l'italienne et à l'allemande et employant des ouvriers italiens et allemands qui œuvrent séparément, chacun dans leur spécialité.Corine Maitte

Dans la seconde moitié du siècle, bénéficiant du déclin d'Anvers, ils ajoutent à leur base liégeoise une multitude de fours verriers allant jusqu’à Namur, ‘s Hertogenbosch, Bruxelles, Maastricht toute proche par la Meuse, et VerdunCorine Maitte-2, en passant par Huy où la présence de verriers est déjà attestée à l’époque mérovingienne.Anne-Françoise Cannella 

Leur marché couvre donc les Pays-Bas espagnols, les Provinces-Unies et le nord de la France. L’engagement de verriers provenant d’Angleterre, dont le vénitien Vincenzo Pompéïo qui a travaillé chez Ravenscroft, leur permet de faire fabriquer du « verre à l’anglaise » contenant un très léger pourcentage de plomb dans les 20 dernières années du XVIIe siècle qui marquent la fin de leur apogée.

Un des modèles les plus caractéristiques de leur production est le calice à deux bulbes ou « coupe à deux boutons à graver » qui porte souvent des inscriptions commémoratives, des chronogrammes ou des portraits gravés à la roue, ce qui présentait une grande difficulté en raison de leur fragilité.Janette Lefrancq-2 De nombreux musées en conservent des exemplaires.

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Verre Bonhomme, Liège, XVIIe siècle
Coll. privée (au Musée de la Gourmandise) - Photo Gilles-A. Ménage

Deux écrits de Jean Bonhomme et un de son fils Léopold ont aussi été préservés, donnant des indications précises sur le fonctionnement des verreries, le recrutement et la rémunération des ouvriers, la description des fours à l’allemande et à la vénitienne, la fabrication des pots, les recettes de fabrication. Le Manuel de Jean Bonhomme commence par la plus ancienne traduction connue en français de l'Arte Vetraria de Neri et se poursuit par des données techniques fouillées semblables à celles qui seront ultérieurement décrites dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.
On y découvre aussi que les Bonhomme se fournissaient en sable à… Engis.Janette Lefrancq-3

À Namur

N’ayant pu directement rentabiliser l’usine achetée à la veuve de François-Hyacinthe-Joseph de Colnet, Sébastien Zoude visite plusieurs verreries et étudie les différentes techniques, prenant d’ailleurs conseil de verriers anglais.

En 1753, il obtient l’autorisation de construire une verrerie de cristal sur un de ses terrains, à la porte de la Gravière. Dix ans plus tard, aucune manufacture européenne ne peut produire autant d’espèces de verres, cristaux et émaillés que la sienne.  Il est le premier, sur le continent européen, à produire industriellement un cristal au plombBastin-Toussaint et parvient à concurrencer le cristal anglais en le fabriquant à 30 % meilleur marché que les verreries londoniennes.

Malheureusement en 1768, il doit être interné à la Maison des Riches Imbéciles de Bruxelles ; son épouse, Marguerite Pétieux, assure la gestion de l’usine qui, après son décès, devient une entreprise familiale gérée par frères Zoude et son fils François. En 1776, la firme ne produit plus que du verre et non du cristal. Les affaires sont difficiles au début du régime hollandais où elle doit réutiliser du bois comme combustible.

L’entreprise va être redressée par le petit-fils de Zoude, Louis, qui rallume les fours, traite avec les autres verriers, réutilise la houille peu après 1830, rachète matériel et machines de Vonêche avant d’installer une taillerie fonctionnant avec une machine à vapeur (en 1835). Une nouvelle usine est créée à Jambes et il acquiert des fours à gaz.

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Zoude, Gobelet en cristal taillé de diamants guillochés, piliers de filets et
deux cordons biseautés, orné de deux fleurs bleues Crédit

La firme, cependant, ne peut résister à la concurrence d’une verrerie d’Herbatte, constituée en société anonyme, qui développe des ateliers de taillerie, gravure et polissage, jouit d’importants dépôts, utilise quelque 500 ouvriers et exporte en Europe et en Amérique. En 1867, la vente de l’usine de Zoude à Herbatte donne la Compagnie anonyme des cristalleries et verreries namuroises qui va être confrontée au cristalleries du Val-Saint-Lambert, devenues filiales de la Société Générale. L’absorption est réalisée en 1879, avec fermeture de la verrerie initale et du dépôt de Bruxelles mais subsistance des usines de Jambes et d’Herbatte.Alain Douxchamps

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Verre de Herbatte, décor de fleurs et lampions, initiales JH, h. 27,9 cm
Coll. privée (au Musée de la Gourmandise) - Photo Gilles-A. Ménage

À Vonêche

On relève d’autres verriers en Wallonie. Par exemple : à  Tamines en 1698, le Namurois Jean du Bois ; à Namur en 1745 le Namurois François Jacqmart fabriquant de bouteilles ; à Lodelinsart, le souffleur Rofflaire véritable hercule qui gagnait un salaire d’exception vers 1880.

Et à Vonêche, le Rhénan Jean-Gaspard André (ou Andrès) qui met sur pied et dirige une toute nouvelle verrerie fondée par le juriste Pierre-Nicolas Matthys.

Avec trois compères, Mattys a l’intention de produire du « verre de toute espèce » et en reçoit l’autorisation de Marie-Thérèse d’Autriche le 14 aout 1778. Les Verreries Impériales et Royales de Vonêche sont nées et deux fours sont mis en service en décembre 1779 pour produire du verre en table, du verre de troisième qualité, du verre mince, de verre en table demi-blanc, du verre à vitre ordinaire et du verre à vitre demi-blanc aux dimensions demandées par les clients de Bruxelles, Gand, Arlon, Bruges, Namur, Ypres, Audenaerde, Bouillon, Breda, Givet, Liège, Dinant… et aussi de la gobeleterie.

Au décès de Gaspard André, la verrerie est dirigée par un de ses collaborateurs, Letrange, puis par Henri Gobu, homme fort efficace mais confronté fin des années 1780 aux dégâts que subit le site et à de grosses difficultés d’approvisionnement en matières premières du fait du passage et du séjour à Vonêche de l’armée des Révolutionnaires brabançons et de celle de l’Empereur Joseph II - un affrontement sanglant suivi de pillage se déroulant même dans la cour de la verrerie le 29 mars 1790 et obligeant Gobu et son épouse à s’enfuir.

En 1793, Gobu est accusé de mauvaise gestion et licencié. Emmenant ses meilleurs ouvriers, il s’en va diriger la verrerie de Sart-Moulin …à deux kilomètres à peine d’un lieu qui deviendra le triste champ de bataille de Waterloo.

Les États belgiques unis n’ont pas duré, les Autrichiens ont repris le pouvoir en décembre 1790 mais pour peu de temps puisque nos régions sont passées sous la domination française deux ans plus tard. 

À Vonêche, la production s’arrête un moment, on tente de vendre la verrerie mais faute d’acquéreur, elle est donnée en location au citoyen Launoy dont la sœur – la citoyenne Deneubourg – tente en vain d’obtenir une exemption de taxe qui permettrait à la verrerie de continuer à fonctionner et aux trois cents familles qui en dépendent de survivre.

Vonêche, cependant, présente des attraits tels qu’un Parisien décide d’acheter l’entreprise le 1er juin 1802.  Il a 29 ans et déjà beaucoup d’expérience comme chimiste puisqu’ayant dirigé les Verreries royales de Saint-Louis-lès-Bitche10 . Dès l’âge de 17 ans, il y a introduit un procédé de fabrication du minium. Il s’agit de

Aimé-Gabriel d’Artigues


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Crédit

Né en 1773, Aimé-Gabriel a été suivi et orienté dans ses études par son parrain, secrétaire d’un évêque de Tournus qui a été précepteur des futurs rois Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.

L’enfant est devenu un homme curieux de tout - même des perles de rivière et de la conservation des blés - un chercheur chimiste, un dirigeant d’entreprise, un formateur de cadres et va s'imposer à Vonêche comme le maitre-verrier majeur de son temps, par sa fabrication de cristal mais aussi du flint glass nécessaire en optique.

Homme de science, il a rédigé plusieurs mémoires dont, notamment :

  • Sur la Dévitrification du Verre et les phénomènes qui arrivent pendant sa cristallisation en 1804,
  • Sur l'art de fabriquer du Flint-Glass bon pour l'optique en 1811,
  • Observations de M. d’Artigues sur le mémoire de M. Pajot-Descharmes en 1814,
  • Balancier hydraulique, avantages de cette machine,
  • Four à chaux perpétuel,
  • Nouvelle manière de fabriquer la poudre à tirer,

ces trois derniers étant repris au Catalogue général de la Librairie de Madame Huzard, Paris, en 1842.

Vers 1811-1812, il se fait construire un château dans un grand parc, à Vonêche.
Il s’agit d’une vaste gentilhommière avec une grande toiture à la Mansart piquée au centre d’un lanterneau en bois, dont les façades ne sont alors pas crépies en blanc et qui était dotée d’un jardin à la française. Ce bâtiment, que d’Artigues a vendu en 1844 au comte Félix Cornet de Ways-Ruart, reste le seul vestige architectural actuel de la cristallerie.

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Le château - Crédit : Jean-Pol Grandmont

D’Artigues devient membre du conseil des arts et manufactures ; Louis XVIII le nomme chevalier de l’Ordre royal de la Légion d’honneur en 1814.

À 52 ans, en 1825, il épouse sa gouvernante Annette George dont il aura une fille.

Aimé-Gabriel d'Artigues meurt en 1848. Son mérite et son action à Vonêche lui ont valu un rapport spécial de l’intendant de Sambre-et-Meuse, sous le Gouvernement provisoire, et des droits réels à la reconnaissance publique. Il a été naturalisé Belge et un article lui est consacré dans la Biographie nationale de Belgique.

La cristallerie de Vonêche

D’Artigues annonce par lettre circulaire, deux mois après l’achat de la verrerie, qu’il va produire du verre à vitre et du cristal à la manière anglaise, puis des « glaces ou verre en table, dit de Bohême » qui ne sueront ni ne se calcineront ; il a en effet inventé un procédé qui évite ces défauts courants, remplaçant les fondants salins par des fondants métalliques.

Il rénove l’usine et l’agrandit, engage de nouvelles familles de verriers venus d’Alsace et de Lorraine ; il fait construire à Tanton (tout près de Vonêche) une taillerie avec moulin à 24 aubes et deux fours à bras ; il utilise le bois régional pour ses fours à pots découvertes, la houille avec les pots couverts, et fait fabriquer ses matières premières sur place ou aux environs : une soufrerie et une couperoserie sont installées dans une ferme proche pour traiter les pyrites et les sulfates de fer – elles seront ensuite transférées à Rhisnes et placées sous la direction de François Kemlin, un compatriote vosgien de d’Artigues que celui-ci a orienté vers la chimie et qui entrera dans sa famille en 1814.
Il achète son plomb à Vedrin (Namur) et dans le département de la Roer (région située au nord d’Aix-la-Chapelle) mais le transforme lui-même en minium par un procédé de son invention qui lui donne un avantage sur les autres fabricants de cristal au plomb et lui permet de pratiquer des prix nettement inférieurs à ceux de ses concurrents.

En quatre ans, Vonêche parvient à décrocher une médaille d'argent de première classe à une exposition parisienne en présentant du cristal en table pour vitre, du cristal mince en feuille, et du cristal gobelèterie avec un plateau gravé d'arabesques, des verres en flute, en trompette, en gondole, en tulipe et un vase Médicis à pied carré.

Le succès est là et ne se dément pas.  Pour développer la gobeleterie en cristal, d’Artigues arrête la fabrication du verre à vitre et du verre à table ; il va quasiment cesser aussi la taille du cristal pour la confier à Jean-Baptiste Cappellemans qui pratique la « taille riche » à Bruxelles et à Madame Desarmaud-Charpentier qui dirige le célèbre magasin parisien À l'Escalier de cristal.

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Coupe à fruit, cristal taille riche et bronze doré, h. 29,6 cm
coll. C. Van den Steen - présente dans l'exposition - Photo Gilles-A. Ménage

Aimé-Gabriel d'Artigues fait de Vonêche la plus grande cristallerie continentale européenne, rivalisant sans peine avec celles d'Angleterre et de Bohême, employant quelque 500 ouvriers – dont des enfants qui alimentent les foyers des fours en bois - et dynamisant toute la région.

Celle-ci est alors sous régime français, mais la chute de Napoléon Ier, qui soutenait d’Artigues, la sépare de la France et la rattache aux Pays-Bas.

D’Artigues perd de ce fait les débouchés français qui constituent les deux tiers de sa clientèle - sauf à payer de fortes taxes.  Pour y échapper, il trouve une parade, achète l’affinerie d’Azeraille et obtient du roi Louis XVIII, en 1816, de reprendre - tout en gardant Vonêche - les Verreries Sainte-Anne situées à Baccarat (Meurthe-et-Moselle) dont l’activité de fabrication de vitrage et de miroirs argentés au mercure s’était arrêtée deux ans plus tôt.
Il est convenu qu'il y importe, sans payer de droits pendant deux ans, 6 000 quintaux de cristal de Vonêche pour qu'il soit taillé en France en échange  du lancement d'une production de cristal à Baccarat.
La verrerie Saint-Anne devient la Verrerie de Vonêche à Baccarat mais d'Artigues connait des difficultés financières importantes car il s'est endetté pour installer à Baccarat un équipement des plus modernes ;  rachetée par deux Français en 1823 la verrerie va devenir la Compagnie des verreries et cristalleries de Vonêche-Baccarat (en 1824), peu après la commande d'un service de verres par le roi Louis XVIII, puis encore la bien connue Société des Cristalleries de Baccarat.

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Carafe en cristal de Baccarat « au demi-bambou », h. 22 cm
Coll. privée (au Musée de la Gourmandise) - Photo Gilles-A. Ménage

À Vonêche et en l’absence de d’Artigues, c’est Kemlin, son plus proche collaborateur, qui dirige l’usine avec l’aide de et l'ingénieur parisien Auguste Lelièvre. 
En 1822, épuisé, d’Artigues délègue ses pouvoirs administratifs – tant pour la cristallerie de Vonëche que pour tous ses autres établissements – à Kemlin.  Trois ans plus tard, Kemlin et Lelièvre lui proposent le rachat de l'usine vonêchoise ; d’Artigues non seulement refuse mais les renvoie l’un après l’autre. Un nouveau collaborateur, incompétent en matière industriel, devient administrateur et les activités de la cristallerie déclinent.

De leur côté, Kemlin et Lelièvre fondent, avec le soutien du roi Guillaume d'Orange, une nouvelle cristallerie dans l'abbaye cistercienne du Val-Saint-Lambert, …emmenant avec eux nombre de verriers vonêchois – 250, dit-on.
Le remplacement des fours à bois par des fours à charbon, l’engagement d’ouvriers anglais, le rachat par la Société générale de Belgique dès 1836, le soutien du roi Léopold Ier, l'utilisation d'une chaudière à vapeur pour les tours des tailleurs, l'achat de la cristallerie de Namur où Sébastien Zoude fut le premier en Belgique à produire du cristal au plomb à la manière anglaise, aident au développement d'une entreprise qui, dès 1839, exportait dans le monde entier. Les Cristalleries VSL sont au début d'une longue histoire, artistique et sociale.

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Val-Saint-Lambert, vase monumental en cristal réalisé pour l’Exposition Universelle d’Anvers de 1894, h. 2,20 m - Crédit : Jean-Pol Grandmont

La fin de Vonêche

Vonêche, mal dirigée par un vieil homme malade et devenu impotent, perdant des cadres essentiels et des ouvriers compétents, ne modernisant plus son matériel, devant payer des taxes pour l’exportation en France comme aux Pays-Bas car la Révolution belge a détaché notre pays du royaume de Guillaume d’Orange, n’est plus compétitive et fait faillite  en 1831.

Des membres du personnel, dont le chimiste Jean-Benoît Voirin (neveu de d’Artigues) et le tailleur Hubert Ponthière qui a laissé son précieux carnet aide-mémoire donnant le dessin de nombreuses tailles,  sont repris par Louis Zoude qui rachète à Vonêche matériel et machines, d’autres vont travailler dans les verreries de Chênée et d’Avroy à Liège.

Le temps de la gloire est passé, celui des séquelles arrivé.

Car le plomb, le minium, la potasse qui étaient préparés sur le site pour réduire les couts de production et assurer l’indépendance de la cristallerie en matières premières ont pollué l’environnement, et leurs traces se retrouvent aujourd’hui encore à Vonêche.

Le travail du plomb a bien entendu créé des problèmes de santé pour les ouvriers (et l'on suppose que la démence de Sébastien Zoude pourrait en découler) mais le verre au plomb a aussi affecté les consommateurs qui utilisaient des carafes en cristal, car le plomb migre dans les liquides acides tels que vin, alcools forts, jus de fruits… Autant le savoir : il vaut mieux utiliser un cristal ancien qui a déjà beaucoup servi qu'un moderne car la principale migration s'étant faite au fil du temps, le pourcentage de plomb encore susceptible de se dissoudre est moindre.11

Si vous désirez utiliser un verre moderne qui présente la limpidité du cristal et ne contient pas de plomb, optez pour l' « ultra clair » commercialisé sous différents noms de marque.id verre infos


Vonêche à Hermalle

Qui donc a dit que les expositions n'intéressaient pas les enfants ?

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 Certains adultes…

 

Témoignages :

Magnifique exposition dont la richesse des pièces est à la hauteur de l'érudition de notre charmante guide.

Famille Michel-Engen

On souhaiterait retrouver dans nos magasins de tels modèles dont la beauté mériterait d'être réactualisée.

Danièle Fourneaux

Splendeurs et Ingéniosité… des hommes ! Dans la finesse de l'Art… Marci pour cette visite guidée,

Willy

Een bijzondere expositie die een wereld opent voor mij die nietbelund is met de kwaliteit en schoonheid van christal !

Anna Maria Brassé

Cet accueil, ces commentaires judicieux émis de vive voix sont tellement plus enrichissants que les casques dont on est affublé dans les grands musées.  Merci et félicitations.

[signature illisible]

Toutes mes félicitations pour cette étonnante et belle exposition !

Serge Golifman

Émerveillée par cette expo qui parle si bien de notre patrimoine. Merci aux organisateurs,

[signature illisible]

Belle découverte de Vonêche et d'autres choses comme des usages raffinés et oubliés. Un art de vivre qui nous plonge dans une époque ancienne, surtout le XVIIIe et XIXe s. dans les classes aisées. Merci au Musée de cette belle initiative,

[signature illisible]

Nous avons, mon mari et moi-même, admiré et découvert des pièces magnifiques et inconnues.
Moi, ancien verrier, dit qu'il est dommage que notre patrimoine disparait.

[signature illisible]

Een waar genorgen om deze belangrijke collectie eindelijk "in levenden lijve" te zien ! Mijn gelukwensen aan de verzamelaar en de organisatie.

Raf en Fons Roclant uit Breda (NL) en Sint-Niklaas

Niet alleen heel mooie stukken, maar vooral erg interessente detail-uitleg ! En niet te vergeten : de (specifiek Waalse ?) vriendelijkheid ! Tot ziens ! Leve België !

Jeannine & Frans Vandenbroeck, Tienen.

Très belle exposition commentée par une personne très intéressante qui nous a appris beaucoup de choses sur l'histoire du verre.  Nous avons beaucoup apprécié cette collection Vonêche.

Marc et Pascaline Delencre, Wasquehal près de Lille (France)

Fille de Vonêche, je viens de retourner chez mes grand-mères.  Quel bon moment !

[signature illisible]

Bravo Nicole pour cette magnifique visite qui nous a permis de découvrir une collection que nous ne connaissions pas.  Merci pour votre érudition.

Le cours d'antiquaires de Mme Rysick,
Institut d'Enseignement de Promotion Sociale - Fléron

Magnifique visite ! Madame nous a fasciné par son savoir. Nous repartons enchantés.

E. Nymen / Welkenraedt - Blasser / Frankfort (D)

 

Quant à cet article :

J'ai lu votre intéressant article sur le verre en ligne. À toutes fins utiles, je vous transmets mon dernier papier sur le sujet Chambon. (…) De plus j'ai beaucoup apprécié votre recherche iconographique pour cet article.

Benoît Painchart, Bruxelles - par courriels des 30 avril et 8 mai 2014

 


Notes

1 La cristallographie est la science étudie les substances cristallines à l'échelle atomique, tandis que la cristallochimie étudie les relations entre la composition chimique des cristaux et leurs structures.
La cristallogenèse est la formation d'un cristal soit naturel soit synthétique. - retour au texte

2 L'expression « quartz hyalin » apparait vers 1100 dans la Chanson de Roland. - retour au texte

3 Natrum ou natron : minéral composé de carbonate et de bicarbonate de sodium – appelés couramment soude et bicarbonate de soude. - retour au texte

4 Bauquin : embout pour la bouche. - retour au texte

5 Calcin : Débris de verre réduits en poudre par calcination et refroidissement utilisés pour les émaux. - retour au texte 

6 On distingue en effet deux types d’ateliers : les primaires qui travaillent les matières premières pour fabriquer du verre brut, et les secondaires qui transforment ce verre brut en produits manufacturés. - retour au texte

7 Moufle : demi-cylindre creux en terre réfractaire fermé à une extrémité, pour exposer les émaux au feu. - retour au texte

8 Directive de 1969 - retour au texte

9 Hors de l’Union européenne, les dénominations ne sont régies que par un Iwa (Accord international d’atelier) de l’ISO (Organisation internationale de normalisation) ; ce document est produit par des réunions d’atelier et non par un comité technique, mais peut devenir précurseur de normes internationales.  - retour au texte

10 Saint-Louis-lès-Bitche : En Lorraine française, entre Metz et Karlsruhe. - retour au texte

11 Références bibliographiques sur ce phénomère : lire cet article de Wikipédia - retour au texte

Crédit Nous n'avons pu identifier l'auteur de cette photo que nous remercions de bien vouloir se faire connaitre. - retour au texte

 


Bibliographie

  • Daniele Foy, « Technologie, géographie, économie : les ateliers de verriers primaires et secondaires en Occident. Esquisse d'une évolution de l'Antiquité au Moyen Âge » dans Actes du colloque organisé en 1989 par l'Association française pour l'Archéologie du Verre (AFAV), 2000, p. 147-170. - retour au texte
  • Anne-Françoise Cannella, Gemmes, verre coloré, fausses pierres précieuses au Moyen Âge: le quatrième livre du « Trésorier de philosophie naturelle des pierres précieuses » de Jean d'Outremeuse, Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liège, Liège, 2006, p. 145 et sq. (verre au plomb), 368 (Huy) - retour au verre au plomb - retour à Liège/Huy
  • J. Houdoy, Verreries à la façon de Venise. La fabrication flamande d'après des documents inédits par J. Houdoy, A. Aubry / Van Trigt, Paris / Bruxelles, 1873 - retour au texte Anvers/Mongarda - retour au texte Anvers/Bruyninck
  • Janette Lefrancq, « Apports et incidences de l'ouvre de Raymond Chambon sur l'histoire de la verrerie en Belgique » dans Koen Janssens, Annales du 17e Congrès de l'Association internationale pour l'histoire du verre (AIHV), Asp / Vubpress / Upa, 2009, p. 339 à 343. - retour au texte
  • Benoît Painchart, « La Thiérache : terre industrieuse, mémoire verrière » dans la revue Éclats de Verre, n° 8, avant 2012. Lire aussi Benoît Painchart, « L'activité des Colinet au Sart de Chimay, XIIIe-XVIIe siècles. Deuxième partie : En quête de vérités, les preuves de la non-existence de Verreries au Surginet et au Fourmathot au XVIe siècle », dans la revue Éclats de Verre, n° 22, novembre 2013 - retour au texte
  • Jean-Pol Demoulin dans http://www.bivort.com/histoire/Leernes04.html - retour au texte
  • E. Close, « Les Gentilshommes verriers », dans Le Guetteur wallon, Chantraine, Namur, novembre 1927, p. 206 à 209. - retour au texte
  • Désiré van de Casteele, « 4e lettre à Monsieur S*** sur l’ancienne verrerie liégeoise » dans Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, Tome XXII, Liège, 1891, p. 1 à 25. - retour au texte Bruxelles - retour au texte Liège
  • Bruno Demoulin, « La Principauté de Liège de sa Renaissance à la Révolution », chapitre XI de L'Histoire de la Wallonie. De la préhistoire au XXIe siècle, sous la direction de Bruno Demoulin et Jean-Louis Kupper, Toulouse, Privat, 2004. - retour au texte
  • Corine Maitte, « Privilèges, migrations, secrets des verriers altarais et vénitiens, XVIe-XVIIe siècles » dans Actes du deuxième colloque international de l'association Verre & Histoire, Nancy, 26-28 mars 2009.  - retour au texte
  • Corine Maitte, « L’espace européen du travail des verriers italiens, XVIe-XIXe siècle. Dynamiques et structures de migrations spécialisées » dans Cahiers de la Méditerranée, 84, 2012, p. 139-158 - retour au texte
  • Janette Lefrancq, « L'influence anglaise sur la morphologie du verre liégeois dans la deuxième moitié du XVIIe siècle » dans Annales du 16e Congrès de l'Association internationale pour l'histoire du verre (AIHV), 2003, p. 271 à 275. - retour au texte
  • Janette Lefrancq, « Les fours des Bonhomme à Liège, Maastricht et Bruxelles d'après des documents inédits relatifs aux années 1652 à 1673 » dans dans Actes du deuxième colloque international de l'association Verre & Histoire, Nancy, 26-28 mars 2009. - retour au texte
  • Norbert Bastin et Jacques Toussaint, « Verreries et cristalleries namuroises » dans L'art verrier en Wallonie de 1802 à nos jours, Crédit communal de Belgique, Liège, 1985, p. 19 à 33. - retour au texte
  • Alain Douxchamps, « La verrerie Zoude et les cristalleries namuroises (1753-1879). Contribution à l'étude de la croissance économique de la Belgique aux XVIIIe et XIXe siècles » dans Revue belge de philologie et d'histoire, 1981, Volume 59, n° 59-2, p. 443-451 - retour au texte
  • Revue id Verre infos, n° 36, Cerfav, Vannes-le-Châtel, juin 2010, p. 10-11 - retour au texte 

 

Orientation bibliographique complémentaire

  • Joseph Philippe, Le Val-Saint-Lambert. Ses cristalleries et l’art du verre en Belgique, Halbart, Liège, 1974
  • Guy Loudmer et A.-M. Kevorkian, Verres antiques et de l’Islam, Hôtel Drouot, Paris, 1985
  • Jean Lafond, Le vitrail. Origines, technique, destinées, Florilège, Paris, 1992
  • Collectif, Trois millénaires d’art verrier à travers les collections publiques et privées de Belgique, Musée Curtius, Liège, 1958
  • Anonyme, Le maître-verrier Louis Leloup. Créations nouvelles : 50 sculptures, Maison de la Culture des Chiroux, Liège, 1980
  • Collectif, Le Centenaire des Cristalleries du Val Saint-Lambert 1826-1926. Compte-rendu des cérémonies et festivités 27-28 juin 1926, Imp. Bénar, Liège, 1926
  • Victor Beyer, avant-propos Hans Haug, Les vitraux des musées de Strasbourg,  Édition des Musées de la Ville, Strasbourg, 1965
  • Édith Mannoni, Fixés et peinture sous verre, Ch. Massin, Paris, s.d.
  • Joseph Philippe, Histoire et art du verre (des origines à nos jours), Eugène Wahle, Liège, 1982
  • Michel Vanderhoeven, préface Joseph Philippe, Verres Romains (Ier - IIIe siècle) des Musées Curtius et du Verre à Liège. Verres Romains tardifs et Mérovingiens du Musée Curtius, Musée Curtuis, Liège, 1958
  • Jacqueline Bellanger, Verre d’usage et de prestige. France 1500-1800, Éd. de l'Amateur, Paris, 1988
  • Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Art verrier 1865-1925, Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 1965
  • Janine Bloch-Dermant, L’art du verre en France 1860-1914,  Edita-Denoël, Lausanne, 1974
  • Franz Carl Lipp, Bemalte Gläser. Volkstümliche Bilwelt auf altem Glas - Geschikte und Technik. Verres peints. Image populaire du vieux verre - Histoire et technique, Verlag Georg D.W. Callwey, München, 1974
  • Catalogue, The Guépin Collection of 17th and 18th century Dutch Glass. La collection Guépin de verre flamand des 17e et 18e siècles, Christie’s B.V., Amsterdam, 1989
  • Collectif, L’art verrier en Wallonie de 1802 à nos jours, Crédit Communal, Bruxelles, 1985
  • Christian Gendron, Les verres gallo-romains, revue Archeologie, Dijon, 1974
  • Giuseppe Cappa, préface Joseph Philippe, 100 ans d’art verrier en Europe. De l’Art Nouveau à l’Art Actuel, Société Générale de Banque, Bruxelles, 1983
  • Jacques Parisse, Presse-papiers de prestige. Presse-papiers populaires, Mardaga, Liège, 1992
  • Armand Baar, Verrerie des Flandres. Fabrication anversoise, in Revue Belge d’Archéologie et d’Histoire de l’Art, Flor Burton S.A., Anvers, 1938
  • Otto Wittman, Ancient and near Eastern Glass. The Toledo Museum of Art. Verre ancien du Proche Orient. Le Musée d’Art de Toledo, Musée d’Art, Toledo (USA), s.d.
  • Catalogue of the extensive collection of fine french paperweights including a representative series of Millefiori, Flower, Colour-ground, carpet-ground, overlay and snake Weights from the Baccarat, Clichy and St Louis factories also Ornamental glass by Emile Galle of Nancy including cut, coloured and engraved Vases and Lamps. Catalogue d’une collection de presse-papiers français…, Sotheby and Co, Londres, 1954
  • Collectif, préface Robert Collignon, Dossier de la Commission Royale des monuments, sites et fouilles, 3 - grisaille, jaune d’argent, sanguine, émail et peinture à froid. Techniques et conservation, Commission Royale des Monuments, Sites et Fouilles, Liège, 1996
  • Elka Schrijver, Glass and Crystal II. Verre et cristal II, Universe books, New York, 1964
  • Louis Grodecki, Catherine Brisac et Claudine Lautier, Le vitrail roman, Office du Livre, Fribourg, 1983
  • Collectif, Opalescence. Le verre moulé des années 1920-1930, Ph. Decelle, Bruxelles, 1986
  • Collectif, Nouveau manuel complet de la peinture sur verre sur porcelaine & sur émail des émaillages industriels et de la fabrication des émaux et des couleurs vitrifiables contenant…, L.V.D.V. Inter-livres, Paris, 1984 ( coll. manuels Roret )